Voila, en 92 (1992), j'étais totalement, complètement agoraphobe. Pas possible de descendre m'acheter un paquet de clopes, très compliqué d'aller juste acheter une baguette en bas sans me sentir vraiment mal. Je crois que j'étais devenu une sorte de curiosité un peu malsaine que quelques amis et quelques personnes de ma famille venaient visiter un peu emmerdés...




Et puis, il y a eu cette expo Warhol à la Fondation Cartier, à l'époque à Jouy en Josas... Une voiture pour y aller, quelqu'un qui vous aime au point de vous porter sans mouffeter en espèrant que ça ira mieux...



C'était une expo vraiment géniale : ouverte, ludique, lumineuse, parfaite pour wham sur la forme et la nourriture...



Derrière chaque tableau, il y avait une ombre qui grandissait un peu plus à chaque fois, celle de Marcel Duchamp. Je vous épargne les signes, les trucs un peu mystiques qui vous font sentir qu'il est là, que quelque chose vit de lui près de vous, et pourtant...



Bien sûr je pourrais parler de Duchamp d'une façon plus généreuse, plus "transmissive", peut-être plus scolaire aussi, mais ce n'est pas mon registre. Je sais seulement que Duchamp m'a complètement ouvert la tête, m'a désinhiber, au point de me laisser la place, quelque part en moi, pour essayer aussi. Ma musique n'était pas vraiment bonne. J'ai essayé la peinture mais je crois que même Hitler avait plus de talent pour ça. Mais ce que Duchamp m'a donné c'est la liberté, l'envie d'être bien aussi grâce à l'univers tissé par quelqu'un d'autre sans y rester figer, une nourriture pour avancé soi-même, à son rythme, à son temps.



Alors quoi... J'ai écris un premier recueil de nouvelles, "13 vies sous Warhol", un titre particulièrement original, certes... Il n'empêche : "La Fondation Popa" est un écho très très lointain, mais une trace quand même, de cette première tentative là. Ces nouvelles ont intéressé un éditeur, Michel Archimbaud, qui n'avait pas bien sûr le moindre kopek pour les publier, et puis après...



L'apprentissage de la galère pour toucher ce qu'on aime... Je me souviens d'un jour de canicule, porte de la chapelle, coincé dans une cabine, gros jean troué, explicant à Archi que j'allais venir avec un marteau pour lui casser son bureau... Depuis ça a un peu évolué : Michel est dans la catégorie "amitié indéfectible"... Et on rigole.


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