L'une des particularités du travail de Mark Rothko c'est que s'il ne supporte pas la reproduction, s'il perd de l'essentiel de sa matière en passant sur litho, sa vibration se retrouve en partie sur écran lumineux, même si la dimension fait défaut. Rothko, comme de Stael, n'est pas "né comme ça", avant d'arriver à cette étape de son travail, il y a eu toutes ces années de recherches, de plantades, de fausses pistes, de mauvaises routes, mais c'est la somme de toutes ces démolitions et reconstructions qui l'amènent, presque malgré-lui, au-delà d'une conscience vers cette vibration si particulière.




On peut dire sans trop d'emphase qu'il arrive à un moment donné sur sa "note bleue" avant de la dépasser et, probablement, de se retrouver, après, en-dessous de zéro, avec tout à redéfinir. C'est aussi peut-être ce qui faitla différence avec un Picasso, sans états d'âme, moins fragile, toujours dans le recommencement, parfois en force.
A un moment la vibration du travail de Rothko s'inverse, les pulsations paraissent se retourner sur elles-mêmes et Rothko s'épuise, ne parvient pas à sortir de sa problématique se suicide le 25 février 1970.





Pourquoi je parle de ça ? Parce qu'à un moment donné, ce texte, "La Fondation Popa", ne me laissait plus tranquille. Il n'y avait aucune raison objective, "lucide" ou "intelligente" pour s'y accrocher, pour ne pas passer à autre chose... L'envie de voir jusqu'au bout, la volonté d'épuiser une veine, une source, sans pour autant en faire la démonstration, "regardez comme j'ai tout blindé", cette notion ne devait pas apparaître dans le texte, il y a eut avant de terminer ce travail, tout un travail d'effacement.
Dans un spectre beaucoup moins large, plus vertical aussi, j'ai procédé de la même façon avec mon roman précédant, "De l'autre côté de la baie", quitte à en faire une stylisation intégrée dans la fiction même du propos. Un gros, en pitchant simple, un mec de base voit une image qui letouche en pleine tête, dans sa zone sensible, plus fort encore qu'une arme à feu. La détonnation ne semble pas avoir d'impact jusqu'au moment où on se rend compte qu'il s'agit d'une implosion qui a complètement modifiée la trajectoire du personnage sans qu'ils'en aperçoive.
Donc suite à la vision d'une image "intime" et qui le touche dans son "intime", le personnage explose et se reconstruit autrement avec ses propres fragments. Pour moi, un travail de création personnel, je veux dire lorsqu'il ne s'agit pas d'un travail collectif sur un scénario par exemple, procède toujours un peu de cette façon là.





Il ya eu deux tentatives d'adaptation cinématographiques pour "De l'autre côté de la baie" mais, chaque fois ça n'a pas marché, un peu comme ce pont inateignable, celui de St Nazaire que voitle personnage de la plage de St Brévin les pins, parce qu'en déconstruisant le texte, chaque fois on s'est aperçu qu'il y avait un tour de vis, de l'intérieur du texte, rendant difficile une mise en images.



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