Au début, le roman s'intitulait "La Fondation madame Pompidou et les dépositaires de jeu triste". Peu à peu, le titre a posé problème. D'abord l'action se déroulait presque exclusivement dans la Fondation Popa. Mais j'aimais bien ce titre, pas pour son sens, mais pour l'image qu'il donnait, une sorte de musée sud-américain abandonné, autour duquel la végétation avait repris ses droits.

Mais il y avait aussi un sale gout en arrière-plan, un truc un peu opportuniste, pas très propre, genre "et vous allez voir qu'avec un peu de chance, on va se ramasser un procès !" Il y avait aussi une ironie, un second degré que je n'aimais pas.

Le rapport au vieillissement... Comment peu vieillir un texte, comment il peut se démoder à cause d'une intention bien vue dans l'instant mais totalement vide quelques années plus tard... Ne pas se laisser enfermer dans la problématique du moment.

En disant ça, je pense à mon deuxième roman "Toutes les nouvelles de mon quartier intéressent le monde entier". Peu après sa sortie, deux projets d'adaptations pour le ciné sont arrivés... A l'époque,on évoquait la banlieue comme une seule "sociologie", sans l'appréhender comme une "géographie".

Pour moi, la pire chose aurait été de tomber dans une revendication, genre "attention, ça va brûler !" ou, pire, "c'était mieux avant" (sous entendu quand les banlieues étaient rouges et qu'un élu communiste montait sur un bulldozer pour raser un foyer de la Sonacotra).

Ce qui nous reste de "Last exit to brooklyn" ou du "Démon" de Selby, ce n'est pas temps le tissu social d'un moment, le "sociétal" mais, bien plus, les "caractères" des personnages, ce qu'ils ont à l'intérieur, comment bougent et réagissent les éléments, les contradictions, les désirs, les sales trucs aussi qui en font tous des êtres humains qui "parlent" à d'autres êtres humains.

L'autre aspect du personnage de "madame Pompidou", c'est son rôle, sa qualité, d'humain en tant que femme. Longtemps, j'ai été élevé, j'ai grandi avec une image assez précise de "madame Pompidou"... La vilaine rumeur, le sale truc... Ce personnage qui continue dans sa seule problématique, à parler à l'homme qu'elle a aimé, même si tout peu s'écrouler autour... Rien ne bougera dans son sentiment en elle parce qu'elle regarde et parle avec son coeur...

Il y quelques temps, un ancien préfet de police, au cours d'un procés pour une autre affaire, a reconnu qu'il avait participé à "l'affaire Pompidou" en montant des preuves de toutes pièces, en orchestrant la rumeur... L'info ne fit pas la une des journaux, jsute quelques lignes au détour d'un compte-rendu d'audience...

Quelques lignes de vérité pour des années de merde. Je me souviens des donneurs de leçons, des rieurs, des moralistes de l'époque : l'un est parti du journal idéologique qu'il a créer avec un confortable parachute, laissant ses ideaux à ceux qui restaient dans la panade ; un autre a été inculpé dans une affaire d'abus sexuel sur mineure ; un autre, encore, et qui était au courant, ne lui adressa plus jamais la parole... Ce n'était visiblement pas la pratique qui le choquait mais le fait qu'elle soit reconnue et ce que ça pouvait lui couter en terme d'image...

En surfant sur le web, on voit ici et là de drôles de procès sur des forums ou des blogs littéraires, par exemple, ou une femme qui écrit - et qui a visiblement trop une grande gueule ou revendique trop publiquement son statut de femme, et ça avant tout, - se fait allègrement bourrer la gueule avec des arguments un peu bizarres... Un peu babouins pas très propres...

Bien entendu, si on retourne ces arguments aux spécifités masculines de ces si charmants messieurs, pourtant tous si compréhensifs, si sensibles quelques instants plus tôt, les réactions sont outrées, hérissées par tant d'abjection... Bah, ouais, c'est con...




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