Quand je commence à écrire, j'ai toujours besoin d'un support, d'un tuteur, quelque chose qui m'aide à imaginer à quoi ça va ressembler une fois fini, c'est plus sur la forme que le contenu ; je n'aime pas spécialement penser que j'écris un livre, c'est plus un objet, un vinyle, un film...




Là, dans les moments de creux, quand il arrive parfois que le travail devienne lourd, je me fais ma petite couv, généralement ça me renvoie sur mon travail ; il y a ce rapport là avec le son aussi. Vers la fin, la Fondation Popa c'était ce ventre d'orque à la fois doux et inquiétant. Avant il y avait eu cette photo de Buddy Holly :



Elle n'a finalement pas beaucoup de rapport avec le texte. Peut-être qu'on peut imagine Metzler regardant le monde à travers un hublot, de très loin, de très haut... Mais l'écriture n'a pas ça dans sa chair, pas cette vision du tout début des années 60...

J'avais trouvé cette photo sur le net, sur le site de La Fondation Buddy Holly ; non, ce n'est pas une blague, il y a vraiment une vraiment une fondation Buddy Holly au Texas http://www.buddyhollycenter.org/

La photo figurait avec d'autres objets dans l'annonce d'une vente aux enchères. J'aime cette photo. Au-delà de sa triste ironie (Holly se scratche en avion quelques mois plus tard) elle renvoie à la mélancolie du chanteur dans ses morceaux les plus orchestrés mais, surtout, dans ses derniers enregistrements, au magnéto, dans son appartementy new-yorkais, juste sa guitare et sa voix. Le cd ou vinyle est assez dur à trouver, on le voit parfois passer sur un site comme e-bay.




Une fois les épreuves remises à Panama, j'en ai profité pour tenter ma chance et pousser ma couv auprès de Jacques Binsztok... Il a éclaté de rire... Ahahahahah... Ok... Vas-y, puisque t'es si malin, fait moi une proposition de couv qui se tienne.

Quelques semaines passent,et puis voila, un soir, Jacques me montre la couverture. Il y a également Garance Giraud et Anne Vaudoyer, je crois.






Comme d'hab, sur le coup je la trouve franchement pas belle, trop "arty", trop extérieure au texte, trop pop alors que je ne pense avoir fait un texte très pop, trop extérieur, rien de la nostalgie, rien de la profondeur...

Dehors, Il fait nuit. Je suis dans la rue avec un tirage couleur de la couv que m'a fait Garance. La question dans ce cas-là, c'est est-ce que je me suis trompé d'éditeur, est-ce qu'on aime mon boulot pour de mauvaises raisons, est-ce que se cramponner à ce gros pavé pendant tout ce temps en valait la peine, peut-être que je n'ai que des intuitions mais que je ne sais pas écrire, rien à dire, rien à donner ?... En général, quand je pars tout seul comme ça, j'arrive chez moi en me disant : "est-ce que j'habite bien ici ? Et, si oui, avec qui ?"

Bien entendu, dans ce cas là, on zappe toujours ce qu'on renvoie aux autres, les vannes, les rires blessants, la nervosité, la violence contenue... Je fais n'importe quoi, pose la couv un peu partout...

Le lendemain matin, en me réveillant, je trouve que c'est la plus belle couv du monde... Je le pense encore aujourd'hui. Depuis mon premier roman "Soleil sale", c'est la couverture qui représente le mieux mon travail. Voila, elle vibre, elle envoie de bonnes vibes, elle dit "attention, ce qu'il y a l'intérieur c'est pas pareil, c'est pas que de l'écriture." Bien sûr ça peut paraître crétin mais, comme me l'a dit quelqu'un, "on sent que ça été fait avec beaucoup d'amour".

La personne qui a fait cette couv (avec beaucoup d'amour, donc) s'appelle Pierre di Sciullo.




Une bio express trouvée sur le net... "Pierre di Sciullo. Parisien de 40 ans, il a toujours mené de front le métier de graphiste et les recherches. Il édite depuis 1983 la publication Qui?Résiste (10 numéros parus), une série de manuels qu'il réalise seul, mêlant textes et images.
Il y expérimente sur un thème déterminé des procédés d'écriture (citations, collage, détournement) et des techniques graphiques variées.
C'est dans ce cadre expérimental qu'il commence à dessiner des polices de caractères : la série des Minimum, une quarantaine de variations, en référence
au constructivisme russe ; le Quantange, police orthographico-phonético-plastique ; le Basnoda,
caractère pour palindrome vertical ; le Sintétik, pour des textes nettoyés de toutes les lettres inutiles, l'Épelle-moi, le Zèbre noir, le Gararaide, le Minuscule, le 3 par 3, le Découpé, le Miroir...
Après avoir créé le Gararond, hommage irrévérencieux au Garamond, il a dessiné l'Aligourane, 5 polices de caractères digitales en écriture touarègue, permettant ainsi aux Touaregs d'accéder pleinement à l'imprimé et à l'écran.
Il poursuit les recherches graphiques et typographiques sur des supports et des médias variés, livre, affiche, vidéo, écran, exposition.

Un lien vers le site de Pierre di Sciullo:
http://www.quiresiste.com/

J'ai pris cet extrait d'un concert des Cramps, à leurs débuts, parce qu'il aurait très bien pu se dérouler dans La Maison des artistes dérangés du roman.

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